Formation intensive d'Aunkai en Nouvelle Zélande

Quand lors de son passage à HK en mars, Filip m’a dit qu’il pensait organiser une formation intensive d’Aunkai avec Akuzawa sensei, j’ai été immédiatement enchanté par l’idée. Quelle belle opportunité de passer une semaine entière à s’entrainer avec sensei, 5-6 heures par jour, avec d’autres pratiquants passionnés.

La semaine s’est divisée en deux parties : deux jours à Auckland avec une grosse trentaine de personnes, et cinq jours au Koru Dojo de David Lynch à Coromandel avec une dizaine de pratiquants. Le contenu a été particulièrement riche comme on peut l’imaginer et je ne vais évidemment pas tout retranscrire ici. La présence de Rob pendant les deux premiers jours a aussi été particulièrement utile puisqu’il est non seulement un excellent traducteur (et traduire tout en servant d’Uke a sensei n’est pas aisé), mais aussi un pédagogue hors pair. A défaut de rentrer trop précisément dans le contenu aborde, certains points peuvent déjà être soulignés :

Structure vs mouvement
Pendant mes premières années d’Aunkai, le focus était clairement mis sur la construction de la « frame » du corps via les tanren et kunren, donnant souvent une impression de rigidité avec des gens cherchant à garder leur structure a tout prix, quitte à travailler en force, passant ainsi a cote du but de la pratique. Mais Akuzawa sensei a pris un tournant radical depuis et il me semble que le travail aujourd’hui est beaucoup plus axé sur le mouvement que sur la structure. Le fait que deux groupes de travail existent en Nouvelle Zélande, diriges par deux pratiquants très compétents, Filip et Liam, le besoin de faire travailler les bases s’est probablement également moins ressenti, permettant à sensei d’aller plus loin dans la méthode. C’est à mon avis une excellente chose, passer des heures sur les solo tanren n’est pas la meilleure utilisation que l’on peut faire du temps d’Akuzawa sensei, alors que cela peut être bien traite au sein des groupes locaux.

Au cours de cette semaine, au lieu de chercher à nous faire garder notre structure a tout prix, Akuzawa sensei a au contraire insiste sur l’acceptation du changement constant entre l’équilibre et le déséquilibre, et sur le passage de l’un a l’autre, précisant d’ailleurs que la structure n’est pas forcément nécessaire arrive à un certain niveau (ce qui est probablement vrai pour lui, pas forcément pour les autres). Mon avis est que l’Aunkai consiste à explorer nos limites, et que les limites de notre équilibre sont l’un des éléments fondamentaux. Accepter le déséquilibre nous donne des informations clés sur ou notre corps peut (ou non) aller et les conséquences que cela implique.


Réorganiser son corps
C’est un sujet que j’explore depuis quelques temps déjà et que je considère comme l’un des points les plus importants de cette semaine. La force interne requiert une structure correcte afin d’éviter une utilisation de force excessive, et un moyen d’accomplir cela est d’avoir un corps bien organisé et aligné.

Une idée qui a particulièrement été mise en avant est l’utilisation du plancher pelvien, comme ce que l’on pourrait décrire comme étant une sorte de plateau sur lequel on équilibre la partie supérieure de son corps, mais aussi par extension notre partenaire : comprendre le fonctionnement du pelvis, les différentes positions qu’il peut prendre et comment celles-ci impactent la structure générale,




Travail au sol
Si le travail au sol est de fait peu proposé à Tokyo, tout simplement parce qu’il n’y a pas de tatamis, c’est quelque chose qu’Akuzawa apprécie particulièrement et il n’est pas rare de passer des heures en seiza ou un genou au sol lors de stages ou de cours particuliers.

N’ayant pas la souplesse d’un japonais rompu à l’exercice de seiza, je dois admettre que ces exercices sont difficiles pour moi, mais je dois reconnaitre leur intérêt pour apprendre à bouger correctement et notamment apprendre comment mobiliser le pelvis et le tanden. Pas de dégâts malgré tout, en dépit de la douleur pendant la pratique, si ce n’est une réduction significative de la quantité de peau sur mes pieds.

Au-delà de l’enseignement de haut niveau propose, cette semaine était aussi une opportunité incroyable de passer du temps avec sensei et les pratiquants néozélandais sur et en dehors des tatamis. Venant de HK, avec 11h de vol, on aurait pu croire que j’étais celui qui avait effectue le plus long trajet, mais loin de la puisque Bea a fait le trajet depuis l’Allemagne. 30h de vol et 12h de décalage horaire sont je pense un engagement qui mérite d’être noté. Je connaissais déjà Filip et j’étais vraiment heureux de passer à nouveau du temps avec lui. Filip est l’un des pratiquants les plus passionnés que je connaisse, extrêmement talentueux, ouvert d’esprit et c’est un véritable plaisir de pratiquer avec lui. Je connaissais également Gray qui était passé à HK récemment et ce stage m’a permis de passer plus de temps avec lui. C’était aussi l’occasion de rencontrer Liam et son équipe, sans compter tous les autres pratiquants. Je ne parlerai pas de tout le monde pour ne pas trop rallonger ce post, et aussi (surtout) par peur d’oublier quelqu’un.

Le dojo choisi pour la formation intensive était lui-même un part entière de l’expérience. Le Koru Dojo est certainement le plus beau dojo que j’ai vu, et son environnement direct (le bush, les cascades, etc.) lui donnent un caractère d’un autre monde. Suffisamment proche de la plage pour des entrainements en extérieur, avec aussi la possibilité d’aller faire Misogi sous les cascades pour ceux qui contrairement à moi survivent dans des milieux non tropicaux. Et puis évidemment il y a David et Hisae, les fondateurs et l’âme des lieux. Des gens d’une gentillesse et d’une humilité incroyable qui contraste avec leur parcours exceptionnel puisqu’ils ont été les élèves de Tohei et Shioda sensei et ont amené l’Aïkido en NZ il y a maintenant 50 ans.


Je conclurai ce long post en remerciant Filip pour le temps et l’énergie qui lui ont permis de faire de cette semaine un moment inoubliable. Une expérience fluide vient toujours d’un travail bien fait derrière la scène. Merci aussi à sensei et Rob pour leur enseignement, et à toutes les personnes qui sont venues pratiquer et échanger. De retour à Hong Kong, je me demande pourquoi je suis revenu de mon plein gré…

Commentaires

olivier ROY a dit…
Super stage apparemment.
Certains points sont les mêmes pour moi.
Réorganisation du corps et limites de son utilisation (en partie dû à l'âge....). Travail au sol et liaisons qui amènent au sol.
Cela est intéressant et complet,pour autant il ne faut pas trop s'éparpiller.
Je vais regarder de mon coté" le plancher pelvien".
Bon courage dans le dur retour à la vie quotidienne.MDR
Xavier a dit…
Salut Olivier,

Super stage, je confirme. Pour le travail au sol, je précise que ça n'a rien à voir avec ce qu'on peut trouver en JJB, Sambo, MMA, etc. Je parle vraiment de travail à genoux qui vise à développer certaines qualités corporelles utiles tant au sol que debout. Il est honnêtement assez difficile de s'éparpiller en Aunkai, comme on aime à le dire avec Filip, en Aunkai "il y a juste 1 truc"

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