Le Bujutsu, créateur de vie

Je pratique les Budo/Bujutsu depuis maintenant quelques années et comme on peut s’en douter mon approche a évolué au cours des années.

Lors de mes premières années de pratique, mon but principal était de « devenir fort », techniquement et physiquement. Je pratiquais relativement intensément, de manière assez dure et la condition physique était une grosse partie de ma pratique, en particulier le renforcement musculaire et le cardio, j’avoue avoir trop longtemps délaissé les étirements et j’en paie encore le prix aujourd’hui.

Je ne regrette pas ces années. Elles m’ont appris à me faire mal et à explorer mes limites tant physiques que mentales, une étape que je pense utile (mais pas forcément nécessaire) dans la pratique martiale.

Je me souviendrai toujours de Louis Mercier, au Tai Jitsu Club de Paris en 2005 après un randori me disant a peu de choses près : « c’est bien, c’est très bien même. Peut être juste un peu trop bon élève, trop propre sur toi. Lâche toi ». Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment compris la portée de cette phrase à l’époque, qui m’avait plus surprise qu’autre chose. Aujourd’hui j’y repense en souriant alors que ma pratique parait certainement plus chaotique de l’extérieur mais qu’elle est devenue beaucoup plus vivante.

Vivante parce que si à l’époque je m’efforçais de reproduire les formes techniques le mieux possible (en bourrinant le plus souvent), je ne crois pas qu’il y avait de réel lien entre ce que j’étais et ce que je faisais. Aujourd’hui après plusieurs années à m’éloigner de l’aspect technique pour comprendre le cœur de la pratique et travailler à obtenir une certaine liberté du corps, j’ai l’impression d’être arrivé à l’opposé de cette phrase, en bougeant à travers des principes fondamentaux et non plus des points techniques (avec évidemment les limitations dues à mon niveau, mais c’est un autre sujet), comme si le carcan avait explosé et que j’avais retrouvé une certaine liberté. Si je crois que ma pratique de l’époque était profondément impersonnelle, je crois qu’aujourd’hui elle est au contraire très marquée et qu’elle a un gout particulier, quelque chose de personnel. Il existe de nombreuses façons d’aborder la pratique, mais je crois que quelle que soit la méthode choisie il est essentiel qu’ à un moment ou un autre le corps et l’esprit fonctionnent à l’unisson : la personnalité, le corps, la technique ne devant finalement que des émanations d’une seule et même chose.

J’explore cette phase avec passion même si le fait d’enseigner me force à me brider régulièrement pour proposer quelque chose de compréhensible à mes élèves et il est probable qu’elle dure de nombreuses années, tant je suis encore loin de comprendre toutes les subtilités que le corps humain permet. En revanche je suis déjà curieux de ce que serait la 3e phase de ce processus ? Une liberté totale de mouvement dans laquelle les techniques ne sont presque plus visibles ? Ou au contraire une apparence extérieure « propre » techniquement mais avec une totale liberté de mouvement à l’intérieur ?    

Bouger selon les principes mais rester compréhensible...

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